Du dénigrement systématique

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Chacun de nous possède dans son entourage, une personne qui n’aime jamais rien – aucun film, aucun livre, aucun événement si tant est qu’il soit un peu mainstream ne trouve grâce à leurs yeux.

Quand on lui demande son avis sur une oeuvre, il critiquera la chose d’un air blasé. Certains jugeront nécessaire de ponctuer leur discours par une référence à un obscur auteur depuis lequel « on a jamais fait rien de mieux ». Rassurez vous, il y a neuf chances sur dix que vous n’en ayez jamais entendu parler.

Pétris de certitudes, ces prétentieux exercent une vague terreur sur leur entourage, en cultivant l’illusion d’une supériorité intellectuelle. La mécanique est d’une implacable perversité. En s’inscrivant dans le cadre d’une vaste culture, leurs arguments paraissent imparables. Ils en connaissent plus que moi, donc ils ont raison.
À force de faire passer leur contradicteurs pour de vils béotiens, où d’affreux beaufs, leur jugement devient redouté.

« But make no mistake » comme disait Georges Bush Jr. Le jugement artistique est une question à multiple ressort. S’il est intéressant d’envisager une oeuvre à l’aune d’une perspective plus large, l’analyse ne doit céder en rien au plaisir plus instinctif du ressenti brut où du simple plaisir d’être diverti.

Ainsi ce réflexe du dénigrement systématique reste le meilleur moyen de ne jamais s’exposer, de ne rien céder à l’affect et ainsi de ne jamais se mettre en danger face à l’opinion.
En d’autres termes, celui qui assume aimer quelque chose, prend le risque d’être à son tour en position d’être jugé pour ses goûts – donc attaqué dans son intimité. chose que le sale type dont nous parlons ne saurait tolérer. Il est tellement plus facile de se cacher derrière un NON qui n’engage à rien.

Et n’oubliez pas ce que disait Pierre Dac:

« Le crétin prétentieux est celui qui se croit plus intelligents que ceux qui sont aussi bêtes que lui »

Assumons ce que nous sommes, ce que nous aimons et ce que nous pensons… et tant pis pour le monde !

NB