Briser la case
Je suis d’un naturel plutôt tranquille. Certains diront que beaucoup de choses me glissent dessus, et j’avoue volontiers me sentir assez imperméable au monde. Une chose, cependant, a tendance à me faire sortir de mes gonds : ce fléau assez répandu dans le monde du travail, qui consiste à juger, puis réduire, l’ensemble d’une individualité à sa seule fonction, sans la moindre considération ni pour ce qu’elle est, ni pour ses aspirations.
En d’autres termes : si tu es comptable, tu ne peux pas être comédien, ni écrivain. Tu restes enfermé(e) dans la case à travers laquelle je te perçois, celle que ton parcours a définie pour toi. Point final.
Combien de personnes ont ainsi été considérées incompétentes de manière absolue, simplement parce que le métier qu’elles exercent ne leur correspondait pas ? Ces comportements étroits et destructeurs, souvent propagés par des individus prisonniers de leur propre schéma d’insécurité, sont une véritable calamité pour l’équilibre personnel. Dans une société où le paraître fait office de boussole, combien n’ont jamais osé révéler les multiples facettes de leur personnalité, de leurs passions ou de leurs talents, paralysés par la peur légitime de susciter le mépris ? J’invite donc ceux qui se reconnaîtront à refuser catégoriquement cette pression.
Je conclurai ce coup de gueule en rappelant, à toutes fins utiles, qu’avant d’être réduits à un métier, nous sommes avant tout le complexe produit de nos caractères, de nos rêves et de nos expériences de vie.
Ne laissez jamais personne décréter ce que vous valez. Opposez une ferme résistance à ces jugements hâtifs, émis par de pauvres esprits qui, effrayés par le reflet médiocre que vous pourriez leur renvoyer, feront tout pour vous cantonner dans l’asservissement d’une activité ou d’un rôle que vous n’avez pas forcément choisi.
Ouvrez la fenêtre ! Gardez le sourire ! Méprisez le mépris ! Balayez d’un revers de main l’opinion de ces parasites toxiques, dont l’influence pourrait vous faire douter de vos propres fondamentaux. Vous seuls déterminez l’axe de votre équilibre. Brisez donc la case, sans jamais perdre votre enthousiasme !
Et souvenez-vous qu’une case reste une cage… avec un cheveu sur la langue !

