Un merveilleux conte de Noël

.

En prévision des fêtes de fin d’année au cours desquelles la bienveillance inonde nos cœurs et nos entrailles, j’aimerais vous conter l’étrange histoire d’un beau prénom baptisé Léon.

Je me souviens d’un temps au cours duquel matin et soir, Léon cultivait sa gloire.

Son unique syllabe complétait de bien illustres patronymes, dont beaucoup devinrent de glorieux cacochymes.

Gonflé de cette légitime estime, Léon nourrissait l’espoir d’entrer dans l’Histoire.

Le temps passa. La page de son siècle une fois tournée, Léon ne sut plus à qui se vouer.

Le monde et les modes avaient changé.

Partout où il passait, les enfants riaient :
« Léon ? Puisse Dieu m’épargner ce prénom ! »

Léon vieillissait. Ses quatre lettres lui pesaient.

Lui, autrefois si gai, désormais se traînait.

Les rares mentions qu’il recevait, l’accablaient de quolibets.

Fort de son prestige passé, Léon tentait en vain de les ignorer…

Blessé par ces rejets, il avançait chaque jour plus lourd, en perpétuelle quête d’amour.

Seul et sans illusions, il espérait toujours l’adoption.

Hélas, l’absence de répit détruit parfois l’espoir…

Un beau matin, l’hiver gela ses dernières larmes. Léon rassembla sa peine puis grimpa à la cime d’un chêne.

Le temps de contempler l’instant glacé, il se laissa tomber dans un élan désespéré.

L’envol eut lieu sans grâce.
Quelques secondes de ciel, puis la chute.
Une fois au sol, Léon sonné et dispersé, s’étonna de ne pas avoir succombé.

Gagné par une soudaine légèreté, il ramassa ses lettres éparpillées.

Un enfant passa près de lui, puis lui sourit.

Un autre le heurta, puis le prit dans ses bras.

Sur son passage, les yeux brillaient ! Sa force revenait !

Léon avançait sans comprendre, puis réalisa que dans sa grande distraction, il avait raté sa réparation.

En inversant les lettres de son prénom, Léon venait ainsi de donner naissance à NOËL.

Et comme premier cadeau, je vous propose de choisir la morale qui vous convient  :

Il en faut peu pour être heureux.
Prenons les problèmes dans l’ordre.
Il suffit de peu pour faire beaucoup.
Prendre de la hauteur peut avoir du bon.
Évitons de donner de drôles de prénoms à nos enfants.